Dans la famille Digital Assistant, on demande Snips ! Présentation avec Yann Lechelle, intervenant de La Digital Tech 2018, et COO de la startup qui ne tremble pas face aux GAFA.
Jadis, les algorithmes
Yann code depuis qu’il a 10 ans : « et j’avais déjà commencé à développer des réseaux de neurones dans les années 90. À l’époque où finalement l’informatique n’avait pas encore toutes les capacités pour permettre aux deep learning d’avoir des performances telles qu’on les connaît aujourd’hui. On n’avait pas accès au big data, on n’avait pas accès à la puissance de calcul, et les algorithmes étaient encore en version balbutiante. Aujourd’hui toutes les conditions sont réunies pour exploiter ces technologies qui existaient déjà théoriquement il y a des décennies ».
Après avoir été ingénieur informaticien au sein de diverses sociétés, le COO de Snips rentre des États-Unis, intègre un MBA et devient entrepreneur. « Je suis entrepreneur depuis 17 ans, notamment dans le cadre de Snips que j’ai rejoint pour accompagner les fondateurs. On peut me qualifier d’entrepreneur professionnel, j’œuvre dans ces projets émergents qui cherchent leur marché parce qu’ils sont très innovants ».
Un assistant spécialisé plutôt qu’un assistant universel
Le produit de Snips, c’est une technologie qui permet de développer les assistants vocaux comme le fait Apple, comme le fait Google, comme le fait Amazon et ceci avec un budget et une taille tout à fait inférieure à ce dont disposent les GAFA. Yann complète : « Nous sommes une équipe de 60, spécialisée dans le traitement du langage parlé. C’est véritablement une prouesse technique d’une part, et d’autre part c’est une prouesse technique par défaut puisqu’on s’est donné la volonté de faire du privacy by design ». Une contrainte forte qui oblige l’équipe à penser différemment, une source de faiblesse parce qu’elle n’a pas accès aux données de tous les utilisateurs au fil de l’usage, mais qui les force aussi à être astucieux pour trouver des ressources et générer de la data quand il n’y en a pas et aboutir à des performances égales ou supérieures à ce que proposent les GAFA.
L’objectif de Snips n’étant pas de créer un assistant universel, mais un assistant spécialisé : « On peut imaginer qu’une société qui vend du café voudrait injecter un assistant personnel dans la machine à café, appelons-le Georges “hey Georges fais-moi un latte écrémé avec du lait de soja”, c’est une requête en langage naturel comme on pourrait la faire à un humain chez Starbucks sauf qu’ici c’est la machine qui comprend parfaitement bien en langage naturel, quel que soit l’ordre sémantique de la commande vocale », raconte Yann.
L’interface vocale qu’on nous promet depuis 30 ans
Malgré la situation d’oligopole, l’interface vocale appartient à tous et ne doit pas appartenir qu’à 2 ou 3 acteurs : « le régulateur va s’en mêler, les GAFA sont tout puissants, c’est intéressant de voir comment ça va se passer… Les utilisateurs vont rejeter le fait qu’il y ait un oligopole. Et ces acteurs ont aussi tendance à être trop cloud par défaut et malgré eux, espions. Le consommateur risque de vouloir favoriser des solutions alternatives comme la nôtre ».
L’interface vocale est l’interface de demain, qu’on le veuille ou non ! « Les GAFA vont mobiliser des budgets colossaux pour nous apprendre à utiliser la voix. L’utilisateur va être éduqué par la voix et d’ici 10 ans, l’interface vocale sera prépondérante. Dominante, je ne sais pas, mais prépondérante au quotidien, c’est sûr. On arrivera en réunion ou à la maison et on pourra demander le réglage de l’ambiance lumineuse ou l’utilisation de la source hdmi1… comme on nous le promet depuis 30 ans ! On vit dans une époque de convergence, l’interface vocale est arrivée à maturité et les technologies sont mûres. On a besoin des GAFA pour amorcer la pompe et éduquer les marchés, mais à terme, cette interface appartiendra à tous. Je pense qu’elle va se démocratiser et se démultiplier dans différents cas d’usage ! », annonce Yann Lechelle.
Cet été Snips lance une ICO pour développer un produit BtoC et ce produit — autour d’une blockchain — est un Alexa complètement décentralisé. Blockchain et ICO ? Deux sujets qui nous rappellent quelques discussions intéressantes de la Digital Tech Conference de l’an passé, mais en 2018, on se focalise sur le Digital Assistant !