Yael Rozencwajg : à la pointe du digital food

Yael Rozencwajg est l’un de ces profils atypiques qui se construisent au fil de leurs pérégrinations, ou au gré de la sérendipité — vous savez, cet art de trouver ce qu’on ne cherche pas vraiment mais qui ne laisse rien au hasard, car il s’agit essentiellement de saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent.

C’est le cas de Yael Rozencwajg qui, après avoir accompagné pendant 15 ans des grands comptes dans leur digitalisation, s’est tournée vers la blockchain, l’intelligence artificielle et ses premiers amours : les objets connectés. Elle s’est particulièrement spécialisée dans le digital food, l’un des trois sujets phares de la Digital Tech Conference 2018.

Le digital food, au croisement de l’IA, de la blockchain et des objets connectés

C’est donc en imbriquant ses différents domaines de compétences que Yael s’est penchée sur les objets connectés et les outils de communication inter-humains dans l’agriculture, du producteur au consommateur final. Son point de départ : « Comment peut-on aujourd’hui accompagner les agriculteurs dans leur développement et leur productivité ? Et comment concevoir de meilleurs produits de manière plus rapide et transparente, tout en posant la question de la qualité et de l’origine des produits ? ».

« Au fur et à mesure, nous développons des articulations entre les agriculteurs, les acteurs de la logistique, les grands groupes de distribution et les consommateurs finaux. Nous venons avec des applications d’intelligence artificielle, de robotisation, d’automatisation des tâches et pour tout ce qui concerne la transparence, la provenance, le support et l’accompagnement au travers de la blockchain. »

 

 

Demain, c’est déjà aujourd’hui

« Je travaille sur ce projet parce qu’il n’y a pas que la blockchain ou l’intelligence artificielle : il y a aussi les modèles de machine learning et d’algorithmes, qu’on commence à mettre en place autour des produits qu’ils soient laitiers ou primaires (légumes, fruits). »

Pour Yael Rozencwajg, l’enjeu de la distribution est de taille : « comment encadrer la production grâce à la transformation digitale de la chaine de distribution grâce aux objets connectés en évitant de passer les produits d’humain à humain ? Le sujet est sensible, car il touche ceux qui supportent cette chaine de valeur : logisticiens, stockeurs, traders… »

Ses travaux portent aussi sur la production agricole, bien en amont : « les objets connectés peuvent communiquer entre eux et vont traiter les données qu’ils collectent, que ce soit la température, le vent, l’humidité ou encore les constituants des engrais — et c’est essentiel, car ces produits sont largement transformés. » Aujourd’hui, « des drones survolent et photographient déjà les champs de production, on trouve des caméras nichées dans la terre équipées de capteurs, et les grandes chaines de production d’alcool, notamment de vin, sont de plus en plus digitalisées. J’ai vu l’an dernier à Rennes un petit robot-tracteur destiné aux poulaillers, pour animer les poules et améliorer la production ».

Et demain ? « La population mondiale ne cesse d’augmenter chaque année (les prévisions annoncent 10 milliards en 2050), et c’est à nous de proposer de nouveaux modèles pour que la génération à venir consomme mieux », conclut-elle. « Il n’y a pas de limite à l’imagination. »