Rudy de Waele est conférencier de renom, futuriste, humaniste, curateur et auteur. Il a aussi participé en tant que speaker à La Digital Tech Conference de 2015 et rempile cette année. Rudy introduira les trois thématiques de l’édition 2018 et nous parlera d’un sujet qui lui tient à coeur : l’âge de la conscience.
L’ère du digital assistant / food / love vue par Rudy de Waele
« La technologie est fascinante », assure-t-il. « Elle révolutionne notre quotidien et nous pousse à penser différemment ce que nous faisons et ce que nous sommes ». C’est le cas des assistants personnels qui, à l’instar de Google Assistant, ressemblent à s’y confondre aux humains : ils en ont la voix, les intonations, le vocabulaire. Ceux qui travaillent dans ce domaine explorent aussi les ressemblances physiques, à s’y méprendre. Les émotions, les gestes, tout y est.
Et côté food ? « En Grande-Bretagne, 50% des produits consommés sont d’origine industrielle. En Europe, ce chiffre atteint les 40%. L’alimentaire est un réel sujet de préoccupation. Le taux d’obésité n’a jamais été aussi fort dans le monde. Le digital food permet de répondre qualitativement à ce problème de société : nous pouvons désormais concevoir des plats et des aliments dans des laboratoires, à partir de végétaux ou de protéines. »
Côté amour, Rudy de Waele est plus sceptique sur l’apport de la technologie : « love is not digital ». « Les outils existants sont addictifs et nous sommes toujours plus en quête de reconnaissance. La première chose que nous devrions faire : nous aimer davantage pour ce que nous sommes en tant que personnes. »
Il est temps de passer à l’âge de la conscience
Un an après sa dernière intervention à La Digital Tech Conference, Rudy de Waele a vécu un burn-out. « Je me suis rendu compte que tout ce que je faisais n’avait plus aucun sens. » Il est donc parti six mois en Espagne en « philosophical training », puis à Istanbul pour créer une nouvelle entreprise. « Je continue à animer des conférences, mais plutôt que de parler uniquement de la technologie, j’ai réorienté mon discours sur l’impact de la technologie sur l’humanité ».
« Nous vivons dans un système industriel vieux de 400 ans. La technologie et le design ne sont envisagés que sous le prisme de la raison et de la rationalité, et je crois que nous arrivons à la fin du cycle, car tout ce que nous faisons aujourd’hui ne sert qu’à sublimer cette conception cartésienne. » Il ajoute : « Tout ce qui est lié à la notion de tâche, notamment au travail, sera remplacé par les machines ou l’intelligence artificielle. » Et ce changement n’impacte pas uniquement l’industrie ou les travaux de routine : l’éducation et l’enseignement sont tout aussi concernés. « Apprendre comme nous le faisons, remplir nos cerveaux de savoir puis les tester, est obsolète parce que la connaissance est disponible ailleurs — sur Google par exemple.»
Rudy de Waele conclut : « Nous devrons nous diriger vers un système totalement différent. Je crois que la technologie nous libèrera. Nous serons portés demain par la quête de sens et des valeurs humanistes. L’humain retrouvera sa place centrale, dans un monde où nous serons entourés de machines, et nous apprendrons à vivre et à travailler avec elles. Notre plus gros challenge est la transformation personnelle — alors qu’aujourd’hui la transformation digitale est sous les feux des projecteurs. Plutôt que de faire les choses parce que nous devons les faire, nous pourrons à nouveau savourer notre liberté et réaliser nos rêves. »